Ce Premier Livre de Poésie n'est pas mon premier livre de poésie mais l'un des premiers.
J'étais encore en primaire lorsque j'ai eu ce livre et je l'ai dévoré, lu et relu. J'y ai découvert Victor Hugo et Alfred de Musset, Paul Eluard et Jacques Prévert, Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud. J'en connaissais plusieurs par cœur. J'ai encore en tête les vers de l'extrait de La Mort du Loup d'Alfred de Vigny.
Je lis depuis que je sais lire, j'écris depuis que je sais écrire. Je crois bien que je dis de la poésie et du théâtre depuis la même époque. J'apprenais avec autant de délectation les tirades de Pyrrhus que les poésie de Robert Desnos. J'écrivais des scénettes que je convainquais mes amis de jouer devant nos parents.
Je lisais de la poésie et des paroles de chansons et j'en écrivais aussi, beaucoup. Je m'essayais à tous les exercices de style, toutes les formes de poésie que l'on m'enseignait au collège : l'acrostiche, le sonnet, les alexandrins, le quatrain, les rimes croisées, les rimes embrassées, la prose...
L'amour des mots à lire, des mots à écrire, des mots à dire m'est venu enfant et ne m'a jamais quitté. Il me nourrit et me libère. Il 'me plonge en moi-même et m'ouvre aux autres. Il m'accompagne, me questionne, me bouscule, m'apaise, me fait grandir.
La Mort du Loup (extrait)
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Alfred de Vigny
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